– Un reportage d’Esprit Autonome –
Le 11 janvier 2024, je quitte ma petite bourgade massatoise pour affronter le reste du monde -ou plutôt l’Europe du Nord- en plein hiver.
Il y a quelques semaines m’est venue l’envie de retrouver des gens là-haut, et forcément, je me suis mise à chercher des reportage pour faire d’une pierre deux coups. Après moult emails plus ou moins fructueux (et l’avantage de me débrouiller en anglais et en allemand), j’ai quatre réponses positives : je me lance !
Mon périple commence au bord de la route, mon pouce en l’air et ma maison sur mon dos.
Je fais du stop, puis encore du stop, puis prends un bus jusqu’à la gare de Foix (grosse ville du coin, 9 472 habitants attention !).
Train de nuit qui me rappelle Harry Potter, autre monde, petit stress pour le changement à Paris avec une station de métro en travaux, je marche vite, très vite, j’ai chaud, très chaud, mais je finis par avoir mon train (allemand, très classieux) qui m’amène sans encombre à Cologne.
Là, les choses se corsent car j’ai choisi de voyager les seuls jours de l’année où les allemands font grève (j’exagère à peine) en soutien aux agriculteurs… Je prends mon courage à deux mains et me rends au guichet d’accueil, et là, miracle, je parviens à demander ce qu’il en est en allemand et en vouvoyant la personne, et double miracle, elle me comprend et me dit que j’ai juste à prendre le prochain train se trouvant sur le quai G qui partira une heure plus tard.
Wow. C’est si simple.
Je réalise que dans d’autres pays les gens connaissent leurs quais plusieurs jours à l’avance, alors qu’en France nous préférons garder le suspense jusqu’à 20 minutes avant, retenir notre souffle, serrer les fesses et courir plus vite que son voisin lorsque le quai est annoncé. Drôles de pratiques.
Lorsque j’atteins Hambourg -mon point de chute- vers 17h35 il fait déjà nuit. J’ai tout de même parcouru 1707km en 24h !
Là-bas il neige, c’est tout plat, et c’est dans une atmosphère hivernale glaciale que je fais mes reportages.
Près de Hambourg je réalise deux entretiens : un avec Barbara qui m’explique la création du quartier écolo d’Allmende, et un autre à la maison Ottenbeck où Wolfgang et Helga proposent des accompagnements à travers l’art, la méditation et le vivre ensemble. A retrouver prochainement en ligne dans la série « reportages en Europe du Nord ».
Je me rends ensuite au Danemark, où je passe la frontière de justesse car j’ai oublié mon passeport en Allemagne (…que j’avais pris spécialement en prévision pour la frontière danoise, oui oui). Après un bon coup d’adrénaline, j’arrive finalement à Copenhague où j’ai pu me promener dans la fameuse « ville libre » de Christiania et y prendre quelques clichés qui seront dévoilés en exclusivité sur notre site !
J’ai froid, pour tout vous dire ma réserve d’eau a gelé pendant la nuit… par chance, quelques rayons de soleil viennent me réconforter. J’adore entendre le danois, j’ai vraiment l’impression qu’il s’agit de sons aléatoires qu’une population entière comprend comme par magie -comme beaucoup de langues en fait.
Le lendemain je pars à l’ouest dans la campagne (c’est vraiment plat) pour rencontrer Tannie qui me fait visiter l’immense local de leur tiers-lieu (une ancienne usine de céramique), qui accueille des gros chantiers participatifs de rénovation écologique ainsi que plein d’évènements culturels. Je me croirai dans un film de science fiction et les 10 000m2 de surface me donnent très envie de jouer à cache-cache. Je suis ravie de ce moment et d’entendre l’évolution de ce projet qui existe depuis plus 15 ans et en a vu de toutes les couleurs. To be continued dans un prochain numéro d’Esprit Autonome !
Puis je rentre en Allemagne du Nord en croisant les doigts (personne ne m’a arrêtée) et redescends vers le Sud en passant par Nimègues, petite ville néerlandaise au sein de laquelle vit un collectif ayant construit des logements sociaux écologiques. Cette cinquantaine d’humain partage beaucoup de valeurs mais aussi leurs voitures et chambre d’amis ! Arne (c’est un prénom) m’y accueille avec une moustache défiant les lois de la gravité et un immense sourire, je suis enchantée par notre échange que vous retrouverez cette année en version papier. Par contre, il y a beaucoup de vent, et surtout… c’est plat, partout ou presque !
Après 18 jours pleins de péripéties, je ressens que mon manque de relief commence à atteindre un seuil critique.
Heureusement, les voies ferrées me permettent de retrouver avec émerveillement les Pyrénées… et le soleil.
Parce que oui, petite précision : pendant que je me caillais les miches dans le nord, ma grand-mère (aka mon indic météo numéro un) m’informe avec autant de ravissement que d’effarement qu’il a fait jusqu’à 20 degrés en Ariège…
Il n’y a plus de saison, comme dirait l’autre.