Édito du mois

EDITO #16 – Le dernier souffle du carbone

Le dernier souffle du carbone

Dans ce numéro, Damien Dekarz nous emmène découvrir l’incroyable bambou et nombre de ses usages. Certes, il n’a pas poussé le bouchon jusqu’à évoquer certains rites funéraires qui utilisent ce végétal : cercueil en bambou au Népal, bambou servant à respirer pour les très rares moines bouddhistes Japonais qui se font enterrer vivants, fastueuses tours en bambou pour crémation à Bali… Pourtant, c’est le propre de la vie, nous allons tous et toutes mourir un jour. Bien sûr, pas le même jour, normalement, sauf si une grosse météorite s’écrase sur Terre (n’allez pas croire que ce genre de mésaventure n’arrive qu’aux dinosaures). Ou alors si la guerre est déclarée et que nous recevons un missile balistique « Satan 2 », cette incroyable invention humaine capable de raser un pays grand comme la France (il est vrai qu’il faudrait qu’il tombe pile au milieu de chez nous, et comme il y a débat sur où se trouve exactement le centre de la France, ça ne facilite pas la tâche de l’expéditeur). Et puis, si vous faites partie de nos abonnés « à l’étranger », alors ma démonstration tombe à l’eau.

Mais bon, pour en revenir à nos moutons, c’est un fait : un jour ou l’autre, nous passerons de vie à trépas. C’est arrivé récemment à ma mère, que nous avons eu la chance de pouvoir accompagner dans ses derniers moments, qu’elle a pu passer chez elle, face au clocher de l’église du village, le jour, et au ciel étoilé, la nuit. Elle avait choisi d’être incinérée, alors nous avons respecté ses dernières volontés. Mais il est compliqué, lorsque l’on a un ADN écolo, de ne pas penser au bilan carbone d’une crémation.

Même si, étonnamment, la crémation est mieux placée que l’inhumation, si l’on tient compte de tous les éléments (pierre tombale, fleurs en plastique, gestion des allées du cimetières…). Une cérémonie par crémation équivaut tout de même à un trajet de 1 000 km en voiture (dont un tiers pour la crémation seule). C’est 2 % du bilan carbone annuel d’un·e Français·e. Par conséquent, il est plus intéressant de mourir en début d’année, car on a encore tout son capital carbone (un éco-geste malin encore trop méconnu).

À ce jour, le plus mauvais bilan carbone notoire pour un rite funéraire est celui du Taj Mahal, en Inde. Cette sépulture, de 170 000 m2 et 73 m de haut, attire chaque année six millions de visiteurs. Mais Khéops reste dans la course avec les 2,5 millions de mètres cubes de sa pyramide.

En tout cas, si vous rêvez d’une éco-mort, sachez qu’il existe quelques pistes :

– Vous pouvez refuser la thanatopraxie (maquillage mortuaire) ; une simple frigorification fonctionne tout aussi bien.

– Le cercueil est obligatoire en France. Toutefois, il est possible de le choisir biodégradable : en bois non verni, avec poignées en cordes, en carton, en bambou (le revoilà), et peut-être un jour en laine feutrée ou en osier, comme cela se pratique déjà dans d’autres pays européens.

– Il existe quelques cimetières écologiques et aussi des forêts préservées pour recevoir les cendres.

– Il y a tout un tas d’autres solutions à faibles émissions, expérimentales ou pas encore autorisées en France : l’humusation (inhumation dans un compost), l’aquamation (liquéfaction par hydrolyse alcaline), l’humification (compostage humain), la promession (congélation par azote liquide) ou encore la combinaison en mycélium (habit funéraire composé de champignons gourmands).

Enfin, contrairement à ce qu’on pourrait penser, une éco-mort peut même vous faire faire des économies. Alors, en plus d’éviter le coup de bambou, vous pourrez partir l’esprit tranquille, en sachant que vous avez réduit votre empreinte carbone jusqu’à votre dernier souffle. 

Edito du n°16 d’Esprit Autonome – mai 2025

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