Janvier 2025, nous voici rentrés dans le second quart de ce siècle. Pour certains pronostiqueurs catastrophistes, apocalypticophiles, voire, les plus perfides d’entre tous, collapsocosmogonistes, nous poussons la porte de la fin de notre civilisation. Pour autant, ne cédons point aux énergies négatives de ces oiseaux de mauvais augure. Comme nos chefs de gouvernement, rassemblés, unis, dans la cathédrale de Notre-Dame-de-Quasimodo 2.0, allons toujours de l’avant en chevauchant l’étalon fougueux de l’écocapitalisme. Unique promesse d’un futur, certes dur, mais d’un futur avec iPhone, Netflix, Amazon et des compagnies aériennes qui utiliseront 10 % de biocarburant et du papier toilette recyclé. Oui ! C’est ensemble que nous relèverons les défis immenses qui nous attendent.

Alors, comme André Malraux lors de son éloge funèbre dédié à Jean Moulin, j’ose, à mon tour, des trémolos dans la voix, déclamer : « Entre ici dans ce siècle, Capitalisme Vert. Viens nous sauver de l’inadvertance climatique et nous guider vers un monde meilleur en suivant les traces de ChatGPT, de Starlink et de la voiture électrique. »

[Veuillez m’excuser pour cette interruption momentanée d’éditorial, l’équipe du journal me fait savoir que le second degré n’est pas toujours bien compris par l’ensemble de notre lectorat, et qu’il vaudrait quand même mieux écrire quelque chose de plus réaliste. Dont acte.]

Janvier 2025, nous voici rentrés dans le second quart de ce siècle disais-je donc. Nous avons terminé l’année 2024 avec un satané record : année la plus chaude jamais enregistrée depuis le moment où l’on a commencé à enregistrer. Pour rappel, nous trouvons dans le quinté de tête des années les plus chaudes sur Terre (par ordre croissant) : 2018, 2020, 2023, 2022 et donc 2024. La neige ne devient progressivement qu’un vague souvenir dans beaucoup d’endroits. Même les neiges éternelles fondent. Et les stations de ski (un sport que l’on pratiquait jadis à l’aide de deux planches fixées sur des godasses de cosmonautes et de deux bâtons de marche nordique) rivalisent d’ingéniosité pour faire survivre une économie moribonde. Mais faute de profit généré par ces dernières, il faut se rendre à l’évidence, le PIB poussera bientôt les politiques à trancher : nous n’aurons plus qu’une seule zone de vacances scolaires en février et à Pâques !

Alors, comme nous sommes très positifs à Esprit Autonome, nous avons décidé, pour bien commencer l’année, de faire un numéro sur le froid. Eh oui, il est grand temps d’apprendre à apprivoiser le froid avant qu’il n’existe plus ! Bien entendu, dans quelques mois, nous proposerons son antonyme, Apprivoiser le chaud (librement inspiré du roman Dune), mais c’est une autre histoire.

Donc, tant que ça caille, il faut en profiter. En ce début de nouveau quart de siècle, soyons clairs, avoir la chair de poule, c’est cool ; claquer de dents, c’est marrant ; et se les geler, c’est branché (quoique genré et un tantinet sexiste).

Nous espérons que ce numéro vous glacera et que vous découvrirez dans cette approche du froid une nouvelle alliée pour réveiller votre santé. Et d’ailleurs, toute l’équipe se joint à moi pour vous souhaiter une frigorifique année 2025.

NB : ce n’est pas parce que le froid disparaît qu’il faut oublier ceux et celles qui se les pèlent encore (locataires de passoires thermiques, habitués des Restos du Cœur et migrants traversant les Alpes).