Edito du n°11 d’Esprit Autonome – Novembre 2024
Il n’y a pas de fumée sans feu follet
Et voici arrivé le mois de novembre, le fameux brumaire dans le calendrier républicain, signant le retour, d’où son nom, des brouillards et des brumes, ainsi que des premiers frimas. Un moment ô combien propice pour trouver refuge dans un intérieur douillet auprès d’un bon feu de bois crépitant. Malheureusement, les émissions de CO2, ce vil gaz à effet de serre, d’un feu ouvert allumé dans l’âtre de la cheminée ont poussé bon nombre de personnes conscientes des enjeux colossaux présents et à venir à changer leur pratique. Ainsi, la cheminée d’antan a laissé place au poêle à bois doté d’une double combustion et d’une arrivée d’air primaire, agrémenté d’une vitre vitrocéramique, afin de quand même voir les flammes danser… C’est certes nettement moins poétique, mais bien plus écologique.
Comme nous aimons vous surprendre, ami·e·s lecteurs et lectrices, nous avons décidé de publier ce mois-ci un numéro sur comment allumer « le feu ancestral » à la mode paléolithique. D’aucuns pourraient penser qu’il n’est pas très malin de faire un tel numéro en cette saison alors que tout est humide, ce qui rend la tâche encore bien plus ardue. Ce à quoi je répondrai que d’aucuns ne sont pas pompiers (professionnels ou bénévoles) et n’ont donc pas à se soucier des feux de forêts ! Eh oui, même si notre été fut moins sec que les précédents (et encore, pas partout), n’oublions pas que nos valeureux sapeurs-pompiers et valeureuses sapeuses-pompières n’apprécient guère que nous jouions avec le feu, fût-il paléolithique.
Et aussi, l’autre raison moins avouable de la parution de ce sujet ce mois-ci est que notre cher auteur, Kim Pasche, peut être aussi difficile à attraper qu’un feu follet lorsqu’il se trouve perdu au fin fond du Yukon (cette région du Canada grande comme l’Espagne, mais quatre fois moins peuplée que l’Ariège, qui est déjà 14 fois moins peuplée que Paris… c’est dire si l’humain y est rare).
J’ai rencontré Kim il y a plus de 10 ans à l’occasion du Festival du Sauvage, dans les Vosges du Nord. Il était assis en tailleur sur une peau de renne, devant une troupe d’enfants plus ou moins jeunes, narrant des histoires incroyables et ponctuant son récit par des démonstrations d’allumage de feu. Difficile de ne pas être conquis par son art de la transmission. Il est accompagné ici d’un jeune illustrateur, Matéo Gallet, dont c’est la toute première publication, et à qui nous souhaitons de faire des étincelles.
À vous de jouer, maintenant ! Place aux pyrites et aux marcassites, à l’amadou et aux brindilles, aux paumelles et aux archets… Vous allez pouvoir épater amis et famille lors de votre prochain bivouac et, en plus, en cas d’effondrement de notre société, vous ferez partie des heureux élus capables d’allumeeer le feeeu !