Coup de cœur pour ce court essai. La 4e de couverture, axée sur la menace des changements climatiques et la nécessité d’un rapport différent à la nature, ne rend pas justice ni à l’étendue du propos ni à la douceur qui se dégage des mots de Jean Claude Ameisen. Ses propositions, tantôt poétiques, tantôt théoriques, mais jamais abstraites, ont de quoi inspirer. Avec conviction autant qu’avec humilité, d’une manière qui n’est pas sans rappeler « Un rossignol dans la ville » de David Rothenberg, Ameisen raconte comment les bruits humains perturbent l’harmonie des paysages sonores plutôt que de s’y inscrire en synergie avec les autres vivants ; il rappelle aussi les frontières poreuses entre les espèces, tout comme celles entre le passé et le présent, la vie et la mort. Dans la « nature », originellement « ce qui est en train de naître », les catégories et les individus n’ont pas de sens isolément, mais s’inscrivent dans une écologie de relations, un tout qui les dépasse. Une invitation sincère et pertinente à retrouver notre juste place.
Jean Claude Ameisen, Les chants mêlés de la Terre et de l’Humanité, Editions de l’aube, mai 2024 – Par Manon Bertha